Jeudi 18
                     
On a commandé le petit déjeûner au refuge à 
  6h30 pour ne pas perdre de temps. Une petite descente nous amène 
à  une passerelle métallique, puis nous remontons le long de 
la rivière  en passant sur des dalles peu inclinées mais lisses, 
équipées  de câbles d'acier. Nous montons dans l'ombre, 
ce qui est appréciable,  car la montée dans les rochers est 
raide. Des pins aux larges troncs  s'accrochent aux parois des falaises, en
face de nous. Nous arrivons au soleil,  puis nous passons de l'autre côté 
de la vallée, pour terminer la montée dans des semi-éboulis. 
Nous atteignons le lac de ..., après 4 heures de montée. C'est 
le moment de faire une bonne pause pour manger. Les lézards sont aussi 
intéressés  par notre repas. Philippe se lance dans une sieste, 
mais les nuages arrivent,  et nous repartons.
  
   
  
  Montée depuis Carrozu
     
         
Une montée assez raide nous permet d'atteindre le col, puis après 
  un peu de crapahutage, une traversée permet de rejoindre le col qui
  domine Ascu. La descente est longue (600m) et fatiguante, c'est du rocher
  (un peu de désescalade), ou des pierres instables.
     
         
La gardienne du gite est très sympathique, et comme il n'y a pas 
  beaucoup de monde, on a droit à une chambre pour nous tout seuls. 
 Le "magasin" est une cabane où on trouve quelques provisions "spéciales 
  GR20". Nous retrouvons nos amis belges, qui ont décidé de 
jeter l'éponge et terminer leurs vacances à la plage
     
         
Haut-Ascu est une station de ski désaffectée, mais il reste 
 un  hôtel dont le restaurant est fort apprécié des randonneurs.
     
         
Vendredi 19
     
     C'est le jour J, celui où on passe le cirque de la Solitude.
On  commence  par une montée sur un chemin de terre dans la forêt 
 de pins,  puis dans une vallée herbeuse.   Un peu plus haut, 
l'herbe disparaît  et on commence à monter sur les rochers, qui
prennent un ton rouge.  Puis on débouche sur le col , à 1980m,
qui domine le cirque. 
  
  On découvre alors un panorama tel qu'aurait pu décrire  Dante
 aux porte de l'enfer : le chemin plonge dans un vaste gouffre, on devine
 son parcours grâce aux silhouttes qui y progressent avec précaution.
  En face, une paroi apparemment verticale, mais en fait le chemin est caché,
  il remonte en contournant un pic, et repasse par un col plus haut que nous.
  Soit 200m de descente et 300m de remontée.
   
    
      
         
       
      Arrivée sur le Cirque de la Solitude 
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      Parcours du GR 
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     Nous n'avions encore jamais croisé de randonneurs venant du sud,
  et là il y en a tout un groupe, le croisement est délicat,
 il faut se ranger pour les laisser passer. La descente se fait en partie
en désescalade  (face à la paroi), il y a des chaînes
aux endroits les plus délicats, mais il faut faire attention à 
 ne pas se faire déséquilibrer  par le poids du sac. Et là 
 où il n'y a pas de chaînes,  il faut trouver des prises. D'où 
 l'intérêt d'avoir quelqu'un  devant soi, qui peut indiquer où
 cela passe le mieux. 
Petit jeu : trouvez le randonneur qui se cache dans cette image...
 
     Enfin arrivés en bas, nous mangeons un morceau, mais les nuages 
 arrivent,  et nous voulons éviter à tout prix la remontée 
 sur le  rocher mouillé. La montée est à la hauteur de
 la descente,  d'abord une petite échelle, en haut de laquelle on
attrape  une chaîne  pour se hisser sur la paroi inclinée à
45  degrés. On  progresse en s'accrochant à la chaîne, 
les  pieds en adhérence.  Le nuage est monté, on ne voit qu'à 
 quelques mètres,  c'est dommage, cela doit être impressionnant. 
 
     Arrivés à la fin de la chaîne, on retrouve un rocher 
  où il y a plus de prises, mais c'est toujours raide. Le dernier passage
 n'est pas balisé, il faut faire une petite traversée à
 flanc de rocher. Enfin, on retrouve un semblant de chemin dans les éboulis,
 qui nous amène au col en sortie du cirque.
    Les nuages se dissipent momentanément, le temps d'apercevoir le
 cirque  et la voie (on peut difficilement parler de chemin) par laquelle
nous sommes  descendus.
     Nous redescendons sur le refuge de Tighjettu, qui est quasiment désert
  à l'exception d'un groupe de tchèques assez bruyants. La
journée   a été longue, 10 heures, 1000m de montée
et 1000m de   descente, mais on est arrivés entiers... On a un dortoir
en haut du  refuge pour nous tout seuls, enfin, presque, une souris vient
fouiller dans  nos provisions pendant la nuit...
       
Samedi 20
     
     Une petite descente suivie d'une longue remontée pour atteindre 
 le superbe refuge de Ciutolu di i Mori, situé à 2000m d'altitude.
Pique-nique dans la montée vers Ciutolu di i Mori.
 
Alors que les refuges précédents étaient plutôt 
 tenus par de jeunes couples, le maître des lieux est ici un vieux Corse
 taciturne. Le refuge est bâti au pied de sommets de roche rouge, et
 domine une vallée verdoyante.
Vue depuis le refuge.
 
A sa droite, une ligne de crête  très découpée
domine la mer. Nous allons y admirer le  coucher de soleil, en compagnie
de Tobias, un jeune professeur allemand qui  fait le chemin en solitaire,
mais que nous avons retrouvé plusieurs  fois au refuge.
    En dessous de nous, la montagne plonge verticalement sur une vallée
  dont la rivière dessine un serpent argenté. Les pics qui
nous   dominent découpent sur le ciel des silhouettes d'un noir menançant. 
 Enfin, le disque rouge disparaît au loin dans la mer, sous un horizon 
 brumeux et indistinct.
     
         
Dimanche 21
      Nous décidons de faire une étape courte, après 
tout  on n'est pas pressés. Nous traversons une rivière aux 
vasques  attirantes, occasion d'une petite baignade. L'eau est froide, mais 
pas complètement  glacée. Il y a plusieurs méthodes pour
y rentrer, Philippe  choisit la plus rapide, la glissade involontaire sur
les rochers mouillés  suivie d'un grand plouf.
Et pendant ce temps là, il y en a qui doublent les étapes...
 
   Ensuite, nous passons devant une bergerie où nous achetons du Brucciu 
 (fromage de brebis). Puis nous traversons une forêt de pins, agréable 
 lieu de pique-nique (nous faisons un sort au brucciu), pour finalement rejoindre
  la station de ski de Castel di Vergio.
    Il y a une aire de camping, entourée de grillage pour la protéger
  des cochons sauvages et des vaches (qui sont à moitié sauvages
  également), on monte la tente histoire de ne pas l'avoir portée
  pour rien.