A défaut de transatlantique, la traversée vers la Corse est une belle aventure...
Samedi 19
Juin
Les voiliers de l'UCPA sont basés à
Saint-Raphaël, et ils font la traversée vers Ajaccio en
début de saison (juin), et dans l'autre sens en septembre.
Coucher de soleil sur la flotte UCPA
Apéro sur fond de feu d'artifice
Il y a deux voiliers qui vont traverser. Ce sont des Océanis 311 (10 mètres) tout neufs. Le nôtre s'appelle Asto, nous sommes 3 à bord (le skipper et 2 stagiaires). Un peu juste pour les quarts, heureusement, on ne va pas traverser l'Atlantique... Sur le deuxième voilier, il n'y a pas de stagiaire, seulement deux chefs de bord.
L'après-midi est consacré à l'inventaire du bâteau et aux courses. On prend l'apéro sur le quai, un feu d'artifice est tiré en notre honneur. Enfin, non, c'est pour l'inauguration d'un espace d'activités, mais on s'y croirait.
Dimanche 20
Le Mistral souffle, force 7 (environ 60 km/h). L'autre voilier part tôt le matin, nous attendrons le début d'après-midi afin de ne pas arriver de nuit en Corse. Le skipper en profite pour aller vérifier que tout va bien en tête de mât, avec ce vent, un petit problème se transforme vite en catastrophe.
Hissez haut, matelot !
Notre skipper est un adepte de la marche arrière, dans les ports, et il faut dire que l'appareillage est plutôt réussi. Ca souffle très fort dès la sortie du port, et comme le chenal longe la digue, il vaut mieux qu'il ne nous arrive pas la même aventure qu'en Grèce (le moteur qui tombe en panne à la sortie du oport, si,si , ça arrive).
Les premières heures, le vent est fort, mais nous sommes abrités des vagues.
Pour l'instant, tout va bien...
Les nouveaux gilets sont très pratiques, ils servent de harnais, et sont autogonflants en cas de chute à l'eau.
Une fois le cap passé, les vagues deviennent plus impressionnantes, 3 à 4m avec de temps en temps une déferlante. Il faut se battre avec chaque vague, quand elle arrive (¾ arrière), elle a tendance faire pivoter le bâteau face au vent (départ au lof), qui se retrouve travers à la vague au plus mauvais moment si elle déferle. Il faut donc résister en tirant sur la barre autant que possible, puis la repousser dès que la vague est passée, car l'effet inverse se produit (en moins fort) quand la vague passe, et là, le risque est d'empanner (et de démâter avec ce vent). En général, il y a une série de 3 ou 4 grosses vagues, puis un petit répit avant la série suivante.
Quand la vague déferle après être passée sous le bâteau (donc juste devant nous), elle laisse une mer plate, bleutée à cause des bulles d'air. A un moment, je n'ai pas pu éviter un départ au lof, et une vague est passée par dessus le bâteau, j'ai été projeté de l'autre côté du cockpit. Ce fut d'autant plus rapide que le bâteau gîtait à 45°. On apprécie d'avoir un harnais dans ce genre de situations.
Un peu plus tard, première tentative de repas, une salade en boîte. Je décide d'aller m'installer à l'arrière pour me caler dans les filières. Ma salade et ma fourchette d'une main, je me détache pour passer devant le barreur. Alors que je suis en train de le contourner, il ne trouve rien de mieux que de partir au lof, je m'étale sur le banc et ma salade va nourrir les poissons. J'ai eu chaud, je ne ne m'étais pas encore rattaché, j'aurais pu suivre le même chemin...
La nuit, on ne voit plus les vagues arriver, il faut barrer au feeling. On avance vite, 9 noeuds, avec des pointes à 11 alors qu'on est très peu voilés.
Lundi 21
Le skipper dort entre ses quarts, mais je me contente de somnoler, ça bouge beaucoup. Le phare de la Revelata, situé sur la côte Nord apparaît au loin. Le vent et la mer se calment à proximité des côtes, on arrive à Calvi à l'aube, environ une heure avant le lever du soleil. On a mis 15h pour une distance de 100 milles, ce qui est plutôt rapide. On passera la journée au port à se reposer.
L'aube sur la baie de Calvi.
Roti de porc préparé par le chef, accompagné par un petit blanc suisse.
La citadelle de Calvi, Asto au milieu (enrouleur jaune)...